vendredi 12 décembre 2008

Jeff, Herbert & the TV

Acte premier
Scène unique :

Une pièce décorée sobrement dans des tons gris et brun, dans le style qui était déjà vieillot dans les années 70. Côté cour, un poste de télévision de cette époque est posé sur un petit meuble. Côté jardin, une table et deux chaises. JEFF est assis devant la table sur laquelle il a les bras posés, face au poste de télévision. De l'autre côté de la table, HERBERT est assis sur l'autre chaise dans une position plus décontractée, tournant le dos au public, de biais par rapport à la télévision qu'il regarde également. Une télécommande est posée sur la table. La télé délivre un son grésillant, un flot de paroles dont on ne comprend que de rares bribes.
HERBERT prend la télécommande et éteint le poste, puis se tourne vers JEFF et eux deux se regardent sans dire un mot pendant quelques instants.
HERBERT (sa voix sonne comme un bris de vitre) : Tu crois qu'il est mort ?
JEFF : Ne sois pas bête ! C'est le Président des Etats-Unis !
HERBERT : Eh bien, quoi ? Ça fait de lui un immortel ?
JEFF : Ben non, mais...
HERBERT : Il s'est fait tirer dessus ! Tu sais ce que ça veut dire ? Il est peut-être mort, voilà, c'est tout ce que je dis.
JEFF (après un temps) : Mais... c'est le Président des Etats-Unis quand même...
Nouvelle pause, puis Herbert s'affaisse lentement, met sa tête dans ses mains puis se colle le front sur la table, les mains croisées derrière la tête ; Herbert tourne à nouveau la tête la tête vers le poste éteint.


Acte 2
Scène I :

Même décor, les personnages sont revenus à leurs positions du début de l'acte premier. Le poste de télévision est allumé.
SPEAKER (voix off grésillante) : Selon les dernières nouvelles que laissent filtrer les porte-paroles du gouvernement, le Président Kennedy aurait été mené d'urgence dans l'un des hôpitaux de Dallas, suite à la blessure par balle qu'il a reçue lors d'un défilé voilà une trentaine de minutes. Il est difficile d'en savoir plus pour l'instant.
HERBERT éteint le poste avec la télécommande.
JEFF : Alors, tu vois !! Ils l'ont amené dans un hôpital. On n'amène pas les morts dans les hôpitaux ! Ils vont bien le soigner, et avant ce soir il sera sur pied.
HERBERT : As-tu seulement idée de ce que c'est qu'une blessure par balle ? Si ses organes vitaux ont été touchés, il pourrait bien crever dans les mains des médecins d'ici une heure, si ce n'est pas déjà fait.
JEFF : Mais tu t'entends parler ? C'est à croire que tu espères qu'il meure ! Quel genre d'américain es-tu ? Le Président a été touché par balle, et toi tu fanfaronnes !
HERBERT : Je ne fanfaronne pas, et tu dis n'importe quoi. J'essaye juste de te faire redescendre sur terre : s'il survit à cette épreuve je serai au moins aussi content que toi, mais j'aimerais que tu ne te fasse pas de faux espoirs. C'est peut-être très grave, ou c'est peut-être superficiel. On n'en sait rien pour l'instant.

...
:) Voilà. Si je continuais d'écrire cette pièce, ce que je ne compte pas faire, je ferais de la suite une réflexion sur ce que sont les Etats-Unis au moment des faits, et ce qu'ils pourraient devenir, ce que la mort de Kennedy pourrait changer à tout ça... Une manière de parler d'aujourd'hui en parlant d'hier et du demain d'hier. Toute la réflexion de ces deux hommes serait construite autour du fait que le public connaît la fin que l'Histoire a donnée à John Fitzgerald Kennedy. Au début de chaque acte, la télévision donnerait des nouvelles de l'évolution de son état de santé, jusqu'au dernier où il est critique. A la fin du dernier acte, les deux personnages parviennent à un désaccord profond qui est sur le point de tourner en dispute, quand Herbert boude et se tourne vers la télé, l'allume. Le speaker nous apprend que le Président est sortit de la phase la plus dure de sa guérison, qu'il va beaucoup mieux et que ses jours ne sont plus en danger. Il reprendra ses fonctions d'ici une semaine, au plus dix jours. Herbert et Jeff se regardent, bouche close, ils ont l'air surpris. Soudainement tout le raisonnement de la pièce s'écroule, tout tombe à plat, ça ne veut plus rien dire, on regrette d'avoir payé son entrée pour une telle merde.

~ The End ~

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Emilien, le drame est ton ami, ne l'oublie pas.

Alecto L. L. a dit…

Je le proposerai à ma troupe de théâtre une fois rentrée en France, si tu le termines ;P

Ah, et Happy birthday !

Burgerjoke a dit…

Mais PUTAIN !!!
Je vous ai dit que je comptais pas le finir !!!

PUTAIN !!!!!!!!!!!!!!