lundi 22 décembre 2008

La condition d'Orphelin n'est pas incompatible avec celle de Cinéaste

Il faut connaître Félix pour bien apprécier, je crois... :) Orphelin n°18 :

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Félix en plan moyen de face, assis sur une chaise dans la pièce principale de notre appartement, la jambe droite posée sur le genou gauche, dos à la table et à la fenêtre proche de la cuisine. La pièce est baignée de la lumière qui entre par cette fenêtre ; l'autre a les rideaux tirés.

FELIX (avec son ton propre, riant souvent pendant qu'il parle) : Emilien, il faut que tu piges un truc très important, qui sera très utile par la suite. C'est que tu N'ES PAS... TOTALEMENT... CON ! Donc il n'y a aucune raison pour que tu aie un jour ou l'autre, d'une ou d'une autre tenté de buter le boss d'un des plus gros gangs de dealers de drogues dures de Paris. C'est vrai que tu fais parfois preuve d'une connerie rare, mais je te considère comme tout à fait récupérable ! Si tu avais été capable d'une telle connerie, ça fait longtemps que j'aurais abandonné tout espoir !

Regard intense, immobilité de la scène. Félix reprend la parole (voir ci-dessous) alors que la caméra se tourne vers son bureau, le bras du cameraman s'avance, appuie sur une touche pour sortir l'ordinateur de veille, navigue d'une main avec le clavier entre les dossiers puis lance un fichier vidéo avant que la caméra ne revienne sur Félix.

FELIX (ton un peu plus tendu) : Et puis il va falloir de t'arrête de filmer tout et surtout n'importe quoi avec cette putain de caméra, ça devient relou j'te jure !

Félix pose sur le cameraman un regard perplexe , avant de se tourner vers l'écran de l'ordinateur où la vidéo vient de commencer. Bruit de pas qui résonnent dans un grand espace, brouhaha de conversations, cliquetis de manipulation maladroite d'une caméra. Félix sourit, intrigué, interroge du regard le cameraman puis revient à la vidéo. Ses yeux s'écarquillent, il regarde à nouveau le cameraman :

FELIX : Mais c'est... ! Euh, ça a été tourné quand ?

Il se tait, regarde la vidéo en semblant avoir oublié sa question. Ses yeux s'écarquillent de plus en plus. Bruits d'une conversation beaucoup plus proche que les autres mais on comprend quand même rien. Le ton monte. Des cris. Un coup de feu. Félix, bouche béante et yeux exorbités, laisse échapper un râle incontrôlé. Cris de panique d'hommes et de femmes.

HOMME (dans la vidéo) : Putain mais attrapez-le !

Bruits de course (pas, halètements, micro de la caméra frotté contre les vêtements du cameraman et ballotté dans le vent...), atténuation des cris... Le cameraman se retourne à nouveau pour appuyer sur espace et mettre en pause la vidéo dont on a le temps de voir un fragment. Retour sur Félix, qui regarde à présent le cameraman sans avoir changé d'expression. Deux secondes passent. Nouveau râle incontrôlé. Deux secondes passent. Noir.

vendredi 12 décembre 2008

Jeff, Herbert & the TV

Acte premier
Scène unique :

Une pièce décorée sobrement dans des tons gris et brun, dans le style qui était déjà vieillot dans les années 70. Côté cour, un poste de télévision de cette époque est posé sur un petit meuble. Côté jardin, une table et deux chaises. JEFF est assis devant la table sur laquelle il a les bras posés, face au poste de télévision. De l'autre côté de la table, HERBERT est assis sur l'autre chaise dans une position plus décontractée, tournant le dos au public, de biais par rapport à la télévision qu'il regarde également. Une télécommande est posée sur la table. La télé délivre un son grésillant, un flot de paroles dont on ne comprend que de rares bribes.
HERBERT prend la télécommande et éteint le poste, puis se tourne vers JEFF et eux deux se regardent sans dire un mot pendant quelques instants.
HERBERT (sa voix sonne comme un bris de vitre) : Tu crois qu'il est mort ?
JEFF : Ne sois pas bête ! C'est le Président des Etats-Unis !
HERBERT : Eh bien, quoi ? Ça fait de lui un immortel ?
JEFF : Ben non, mais...
HERBERT : Il s'est fait tirer dessus ! Tu sais ce que ça veut dire ? Il est peut-être mort, voilà, c'est tout ce que je dis.
JEFF (après un temps) : Mais... c'est le Président des Etats-Unis quand même...
Nouvelle pause, puis Herbert s'affaisse lentement, met sa tête dans ses mains puis se colle le front sur la table, les mains croisées derrière la tête ; Herbert tourne à nouveau la tête la tête vers le poste éteint.


Acte 2
Scène I :

Même décor, les personnages sont revenus à leurs positions du début de l'acte premier. Le poste de télévision est allumé.
SPEAKER (voix off grésillante) : Selon les dernières nouvelles que laissent filtrer les porte-paroles du gouvernement, le Président Kennedy aurait été mené d'urgence dans l'un des hôpitaux de Dallas, suite à la blessure par balle qu'il a reçue lors d'un défilé voilà une trentaine de minutes. Il est difficile d'en savoir plus pour l'instant.
HERBERT éteint le poste avec la télécommande.
JEFF : Alors, tu vois !! Ils l'ont amené dans un hôpital. On n'amène pas les morts dans les hôpitaux ! Ils vont bien le soigner, et avant ce soir il sera sur pied.
HERBERT : As-tu seulement idée de ce que c'est qu'une blessure par balle ? Si ses organes vitaux ont été touchés, il pourrait bien crever dans les mains des médecins d'ici une heure, si ce n'est pas déjà fait.
JEFF : Mais tu t'entends parler ? C'est à croire que tu espères qu'il meure ! Quel genre d'américain es-tu ? Le Président a été touché par balle, et toi tu fanfaronnes !
HERBERT : Je ne fanfaronne pas, et tu dis n'importe quoi. J'essaye juste de te faire redescendre sur terre : s'il survit à cette épreuve je serai au moins aussi content que toi, mais j'aimerais que tu ne te fasse pas de faux espoirs. C'est peut-être très grave, ou c'est peut-être superficiel. On n'en sait rien pour l'instant.

...
:) Voilà. Si je continuais d'écrire cette pièce, ce que je ne compte pas faire, je ferais de la suite une réflexion sur ce que sont les Etats-Unis au moment des faits, et ce qu'ils pourraient devenir, ce que la mort de Kennedy pourrait changer à tout ça... Une manière de parler d'aujourd'hui en parlant d'hier et du demain d'hier. Toute la réflexion de ces deux hommes serait construite autour du fait que le public connaît la fin que l'Histoire a donnée à John Fitzgerald Kennedy. Au début de chaque acte, la télévision donnerait des nouvelles de l'évolution de son état de santé, jusqu'au dernier où il est critique. A la fin du dernier acte, les deux personnages parviennent à un désaccord profond qui est sur le point de tourner en dispute, quand Herbert boude et se tourne vers la télé, l'allume. Le speaker nous apprend que le Président est sortit de la phase la plus dure de sa guérison, qu'il va beaucoup mieux et que ses jours ne sont plus en danger. Il reprendra ses fonctions d'ici une semaine, au plus dix jours. Herbert et Jeff se regardent, bouche close, ils ont l'air surpris. Soudainement tout le raisonnement de la pièce s'écroule, tout tombe à plat, ça ne veut plus rien dire, on regrette d'avoir payé son entrée pour une telle merde.

~ The End ~

mardi 9 décembre 2008

En cours

« Monsieur ? Monsieur, je pige rien à ce que vous racontez.

(rires dans la salle)

Qu... Quoi ? (hésite à rire)

J'y pige rien. Que dalle. Qu'est-ce que vous dites ? Je comprends pas. C'est des mots, plein de mots les uns derrière les autres, mais j'ai la bizarre impression qu'il n'y a pas de sens dedans. C'est du charabiah.

Mais enfin Emilien vous déconnez complètement, prononça le prof comme s'il s'agissait d'un seul et même mot, à sa façon bien reconnaissable.

D'ailleurs j'y pige tellement rien que, tiens... (il se lève) Je vais me casser. (met son manteau, attrape son sac) Je vais vous laisser caqueter tranquillement devant votre auditoire RAVI (en disant ce mot, il se retourne et le jette à la figure de ses camarades stupéfaits) Sur ce, je vous souhaite à tous une bonne journée. »

Puis il sort de la pièce d'un pas calme et referme la porte sans la claquer.

Silence dans la pièce, bruits de pas qui s'éloignent dans le couloir.

mercredi 26 novembre 2008

PowerQuote

« Tu sais, la vie, le destin, l'amour, les jeux vidéo, l'astronomie, Linux ou le football, c'est comme une grande partie de bukkake. Ou une bataille de tartes à la crème, si tu préfères. Tu souris, tu t'attends à quelque chose de bien, tu fais coucou à la caméra parce que tu es content d'être là... Et puis au moment où tu t'y attends le moins, il y a un gros paquet nauséabond qui t'arrive sur la figure, et tu chiales ta mère parce que tu savais pas, et que personne t'avait prévenu que la vie, le destin, l'amour, les jeux vidéo, l'astronomie, Linux et le football c'était si moche. Seulement ce que tu ignores encore, c'est qu'il y a un tas d'autres paquets qui sont déjà en chemin, et que des millions de connards en pyjama se connectent pour te regarder souffrir en se fendant la gueule et en descendant des bières parce qu'ils sont persuadés de ne pas être à ta place. »

Pour ceux que le concept de bukkake intrigue : http://i7.photobucket.com/albums/y260/derekmode/bukkake.jpg (beware of the truck)

lundi 2 juin 2008

Orphelin, sous-orphelin et que dalle

HEY !
Vous voulez savoir un truc vraiment sensass' ??? Ben hier soir, j'ai écrit ;) Et ce matin aussi ;) ;) Et ce matin encore aussi ;) ;) ;) ;) Bon, plus vite je passerai aux choses sérieuses plus vite vous serez tirés d'affaire !

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Orph014 :
Gerry regardait Alex, regardait la route, hésitait à regarder Alex, le regardait, ouvrait la bouche pour dire quelque chose puis se ravisait et regardait à nouveau la route. À un moment, il paraissait assez bien parti pour dire quelque chose, Alex donna un brusque coup de frein qui projeta Gerry tête en avant vers le pare-brise. Alex le rattrapa par le col avant qu'il ne fissure la glace et ensanglante la voiture, et tira du vide-poche un semi-automatique Beretta 9mm qui accusait le coup des ans. Sans quitter la route des yeux et tout en pointant son arme sur le visage de Gerry, il prononça :
« Tu dis un mot, je te descends. »
Gerry failli lâcher un « Oui, bien. », mais il se retint à temps et cela finit en un espèce de "Heu..." guttural, une sorte de rot vocal. Alex lui jeta un regard furibond, dans son œil brûlait l'impatience et l'irritation. Gerry se recula contre la portière, toujours tenu par le col, agitant les mains en signe d'excuse, la mine déconfite. Après quelques secondes de ce jeu de mimes pathétiques, Alex lâcha sa prise avec exaspération, rangea son feu et redémarra en trombe.

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Now, un petit rien du tout auquel je n'accorde pas même le statut d'Orphelin... Pour ceux qui comprennent un peu l'anglais :P Il date d'hier soir.
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"I am worth” he said when he arrived in the town at the first time. Nobody knew him — nor himself — so one believed Worth was his name. In the following days, as he was called “Worth”, his poor oral understanding of English made him believe it was “Wolf”. For instance, he thought it was the name people had chosen for him. Since that day, everyone can call him either Worth or Wolf.

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Pour finir, un moins que rien du tout griffoné façon écriture automatique sur un bout de papier (recto verso, rendez-vous compte) tout à l'heure.

Hey! What? MARLES, WHAT YOU GONNA DO? What you fear, what you like, what's your taste?? I can't help you if you don't say what you want. You'll never be happy if you don't speak of that! To me! Marles, open this mouth now and speak loud. O-PEN-THIS-MOUTH ...! Gnaaaaah, right, it's now OPEN! \o/ But it's empty. :/ What you gonna do know ? What you gonna say ? What you gonna taste ?
Nothing.

:] (ah ben oui bah hein j'aurai bien essayé de vous dissuader de venir sur ce blog, mais là vous pouvez vous en prendre qu'à vous-mêmes hein... :/)
Allez à plus les sacapuces.

dimanche 11 mai 2008

C'est ça

Vous connaissez tous l'histoire du candidat au baccalauréat qui, à l'épreuve de philosophie, s'est vu poser la question suivante : "Qu'est-ce que le courage ?" Le galopin aurait marqué sur sa copie "C'est ça." avant de la rendre telle quelle. Le correcteur, impressionné par son courage, lui aurait attribué la note maximale (parfois 20, parfois 17, parfois 18 selon les versions...)
Cette légende urbaine m'énerve pour deux raisons : d'abord parce que ça crève les yeux que c'est impossible, et ensuite et surtout parce que "tout le monde" semble y apporter du crédit.

Pourquoi est-ce impossible ? Trois raisons à cela :
  • Le supposé sujet de philosophie appelle la définition d'un concept, ce qui est impossible pour un vrai sujet de philo : ici zéro dynamique, nulle réflexion, point d'angle d'approche, kékétte production d'idées... On a juste à recracher ce qu'on a appris, pour peu qu'on ait traité cette notion en cours. Or, s'il est bien une matière où il n'y a rien de pire que de recracher son cours, c'est certainement la philo :)
    (raison 1bis : je ne suis absolument pas sûr de moi, mais il me semble que le courage n'est pas une notion relevant de la philosophie mais de la psychologie. À confirmer par un vrai philosophe qui mouille sa ch'mise.)
  • La dissertation du génial candidat n'est constituée que d'un seul et unique exemple. Or les exemples c'est fait pour illustrer un raisonnement... Ça serait bien pourrave non, une définition dans le dictionnaire où il n'y aurait que des exemples ? Alors une dissertation de philosophie, mazette... :roll: Un correcteur indulgent pourrait mettre 1 à la copie si l'exemple en question était excellent...
  • ....Mais il ne l'est pas. Pour moi ça n'est pas du courage qu'a eu le mec de la légende devant sa copie, mais une simple flemme doublée de pas mal de culot. Nuance :)
Je crois qu'il s'agit plutôt d'un gros fantasme de lycéen qui balise pour son bac et essaye de se convaincre qu'il y a des trucs pour le décrocher facilement ^^ Mais croyez-le bien, la seule voie vers la réussite, c'est le TRAVAIL ! Car il faut ardemment TRAVAILLER pour pogner son diplôme !!! Regardez Ark et moi, ça coule de source ! :] ;)

mercredi 23 avril 2008

Fragments

Moins que des orphelins, des griphonures extraites de Miloch, mon carnet Moleskine (bizarre à dire, mais ce sont des extraits intégraux ^^)

« Il a des rêves, cet homme-là. Il a de l'ambition. Il sait où il va, ce qu'il veut pour lui et les siens. Car en plus d'avoir une bonne tête, une belle tête solide et qui sait penser, il a des valeurs. Des principes. Il n'oublie pas ses racines, il sait d'où il vient et ce qu'il doit à qui.
« Et à moi... Je ne sais pas si c'est une bonne ou un mauvaise chose, mais il en doit beaucoup. »
21/4/08

« Tu sais Maurice, ce qui m'a surpris dans ton analyse – enfin, bien sûr "surprendre" n'est pas le bon terme, ah ah ah... Non, ce qui m'a le plus surpris, c'est que tu parles des juifs comme d'êtres humains à part entière. Voudrais-tu bien t'expliquer plus avant sur ce point, si ça ne t'embête pas ? :) »
23/4/08
(1h25 du matin)

vendredi 21 mars 2008

Les jambes des grandes personnes sont une forêt inextricable où règne la nuit

Je ne suis pas absolument sûr que ça se soit vraiment passé, c'était peut-être un rêve.

J'étais petit. Je crois que nous étions en vacances. Mon père et moi nous étions dans une espèce de fête de village, le soir, dans une rue bondée où on pouvait à peine bouger tant les gens étaient serrés les uns contre les autres. Tout le monde poussait plus ou moins ceux de devant, poliment, aimablement, en essayant de ne pas dire « Pousse-toi de là grosse vache, tu me sues sur l'épaule et tu m'empêche d'avancer ».

Je me suis accroupi et j'ai regardé autour de moi pour trouver un chemin permettant d'avancer dans cette forêt de jambes pantalonnées. J'ai trouvé un passage, et je me suis frayé dedans en rampant. A certaines intersections il fallait faire un choix, et comme il était difficile de se repérer
là-dessous je n'étais plus tout à fait sûr d'avancer dans la bonne direction. A un moment, je me suis rendu compte que mon père ne m'avait pas suivi. Ou peut-être s'était-il perdu en route ?

Je suis revenu sur mes pas, soulevant sur mon passage des rires, des exclamations, des rouspétages indignés loin au-dessus de moi. Je me rendis compte que l'itinéraire que j'avais suivi s'était effacé au fur et à mesure de ma progression : des murs s'étaient dressés, des portes s'étaient ouvertes, des clairières se découvraient où je croyais trouver un point de repère (un gros, un chien, une jupe particulièrement laide...)

Je commençais à avoir un peu peur. Allais-je devoir passer la nuit ici ? Je n'avais pas prévu de quoi camper. Au matin, sans doute y verrais-je plus clair. J'en étais là de mes considérations quand un rugissement de rage retentit, suivi presque immédiatement d'un coup de feu. La foule de grandes personnnes hurla de peur, et s'écarta comme une marée en hurlant de terreur. Je vis que je n'étais pas du tout dans la bonne direction pour retrouver mon chemin. Puis je vis, au milieu de la route, mon père tenant un revolver pointé devant lui, légérement en l'air. Le bras tenant l'arme semblait tirer son épaule en avant, tandis que son autre bras était baissé et à l'écart du corps. Son regard perçant était fixé sur moi.

Il baissa son revolver et le remit à sa ceinture, puis marcha vers moi d'un pas augurant du pire pour ma pomme. Il posa sa main sur mon épaule.

« Seuls les enfants qui ont quelque chose à se reprocher fuguent, fils.

Je n'ai pas fugué, Papa !

Ah non ?

Je cherchais un chemin vers le bout de la rue. Je pensais que tu me suivais, mais quand j'ai vu que tu n'étais pas derrière je n'ai pas pu retrouver mon chemin. Tout était mélangé et...

Ca va, allons... Rentrons au centre de vacances, on pourra peut-être avoir la fin de la Soirée Karaoké. »

Il me prit dans ses bras et nous nous envolâmes pour filer dans la nuit, sans un bruit.


Je ne suis pas absolument sûr que ça se soit vraiment passé, c'était peut-être un rêve.

jeudi 20 mars 2008

Au collège

Quand j'étais au collège, un jour, pendant un cours, le prof parlait et soudain quelqu'un dans la salle a fait un pet énorme, la crécelle caverneuse qu'on n'entend que dans les films, qui résonne comme un tremblement de terre. Tout le monde s'est retourné, sans rigoler parce qu'on ne savait pas trop si c'était un troupeau de Jumanji qui nous fonçait dessus. Le type qui avait pété essayait de cacher que c'était lui, il regardait autour de lui avec un petit sourire paniqué au bord des larmes qu'il essayait de faire passer pour de l'incompréhension. Quand il a compris qu'il avait "grillé sa couverture", il s'est mis brusquement à rire, de plus en plus fort, la tête contre sa table et entre ses poings serrés. Mais ce rire l'a involontairement fait péter à nouveau, à répétition, façon mitrailleuse. Plus il riait, plus il riait fort, plus il pétait fort. Au moment où on a cru qu'il allait se chier dessus ― on le regardait tous sans rire, stupéfaits par une espèce de terreur incrédule ― il s'est levé en catastrophe, faisant au passage tomber sa chaise sur le carrelage, et a couru vers la porte de la classe. On ne l'a pas revu avant le lendemain.

jeudi 21 février 2008

Looking for MUSIC!

Salut à tous !

Je viens de prendre une grande décision : je vais m'intérésser activement à la musique ! o/ Comme je n'y connais foutrement rien et souhaite démarrer à zéro, j'aimerais savoir si vous avez des recommandations à me faire quant à des artistes, chanteurs, groupes, albums qui mériteraient selon vous que j'y jette une oreille ? Je compte remplir mon répertoire de musique de tout un tas de bordel, et trier à l'empirique, à coup de j'aime, j'aime pas, j'aime pas, j'aime...
Je fais chauffer Azureus, j'attends... Impatiemment... :D Proposez moi tout, proposez moi n'importe quoi, je me dépatouillerai du tout !


Edit : je vous demande juste des noms, en vrac... Une playlist Deezer ou Last.fm, ou une proposition de me pointer chez vous pour charger 8 gigas de zique m'intéresse assez peu ! :/
On m'a demandé plusieurs fois "Quel genre de musique tu veux ?" Il faut savoir que je n'écoute... N'ai écouté, jusqu'à présent, pratiquement pas de musique, et je n'ai pas vraiment de goûts musicaux pour l'instant. Donc quand je dis "de tout", c'est vraiment DE TOUT !!! ^^ Plus c'est dispersé et mieux c'est !
Merci.

mardi 19 février 2008

Orph013

« J'vous emmène ?

– Non merci, Monsieur. C'est gentil, mais j'aime bien marcher. »

L'homme fronça les sourcils, eut l'air de croire que je n'avais pas compris sa question. Il se pencha un peu plus sur le siège passager de sa camionette, et dit plus fort, en articulant autant que ses dents manquantes le lui permettaient :

« J'VOUS EMMENE, QUE J'DIS ??!
– Monsieur, je vous remercie mais NON, ça va, j'aime marcher ! Je vais marcher jusqu'au prochain village ! Ca va, merci. »

Il semblait maintenant interloqué par ma réponse. Il ne savait pas trop si j'étais fou, attardé ou simplement bouché. Je dois dire que j'en étais au même point. Il se remit d'applomb sur son siège, le regard droit sur la route, la ligne du dos crispée, semblant réfléchir de toutes ses forces.

Puis il se pencha derechef vers moi, toujours sans arrêter son véhicule. Sa trajectoire déviait à droite quand il faisait ça, et je craignais de ne devoir bientôt marcher dans la boue du fossé.

« J'VOUS DEPOSER... »

Il s'arrêta au milieu de sa phrase, se redressa et regarda à nouveau sa route, puis revint aussitôt vers moi :

« J'vous déposerais pas à Montfracours, dites ? Son ton était plus doux, et une ébaûche de sourire se dessinait sur son visage creusé de rides : on aurait dit qu'il s'exprimait auprès d'un enfant peu éveillé. Il arrêta complètement la voiture, et je me penchai devant la fenêtre tandis que Suraj flânait autour et reniflait les pneus.

– Vous savez, Montfracours c'est à bien huit bornes, z'y s'rez pas avant la nuit ! J'ai d'la place à l'arrière pour vot' sac et vot' chien, pis j'ai jamais vu dire que j'mangeais les gens moi.

Il émit un rire monophonique qui ressemblait à un claquement.

– Monsieur, c'est très gentil à vous de proposer, mais je compte marcher tant que je pourrai, et camper dans un champ quand moi ou mon chien sera fatigué. Je marche depuis deux cents kilomètres, ce n'est pas la première fois que je fais ça. J'ai l'habitude, ça va. Mais merci. »

J'avais fait mon possible pour parler lentement et distinctement, en surveillant son regard pour être sûr qu'il comprenne.

Sa perplexité semblait maintenant totale. Il me fixa encore quelques secondes dans les yeux, puis se redressa à nouveau sur son siège. Suraj, qui avait fini de parfumer la roue avant gauche de la camionette, revint à côté de moi en quémandant une caresse. Je lui frottai la tête et derrière les oreilles. La main sur le frein à main, l'homme dit :

« Bon... »

Il me regarda à nouveau, hésitant :

« Bon ben... Ben bonne route, hein. Ben salut.

– Au revoir. »

Il démarra, et je regardai le véhicule s'éloigner en cahotant sur la route. En fait, même quand il regardait la route, sa trajectoire n'était pas des plus certaines.

Je croisai le regard de Suraj.

« Je sais pas si tu comprends mieux les hommes que moi, mon vieux... »

Je massai mes épaules endolories par le poids du sac, et reprismon chemin. A peine avais-je parcouru dix mètres, que le chant nasillard d'une marche arrière me fit lever les yeux du bout de mes pieds.

C'était lui : il revenait.

Il passa la tête par le toit ouvrant et beugla, à cinquante mètres de moi :

« J'TROUVE CA SUPER, C'QUE VOUS FAITES ! C'EST COOL ! Un bon jeune ça, un bon jeune ! Au revoir ! Bonne route, et bonne nuit ! »

Puis il rentra dans l'habitcle et repartit, sa main s'agitant toujours par le toit ouvrant.

Je suivis la camionette du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans l'ombre d'une forêt, à moins de deux kilomètres.

« Ben mon vieux... Les gens sont comme ça. »

Je passai un instant la main sur le pelage du flanc de Suraj, qui commençait à s'agiter, désireux de repartir.

Nous passâmes la nuit dans la forêt que j'avais aperçue un peu plus loin, et je ne revis jamais l'homme.


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Lion, de son prénom Fred, est un type qui existe, même qu'il est encore vivant et qu'il a l'air bien parti pour vider tout mon stock de bière à mon anniversaire. Il est allé jusqu'en Inde à pied avec son chien Suraj, et est resté quatre ans loin de sa dulcinée avec qui il vit aujourd'hui à Aix-en-Provence.
(mais on s'en faut que ce soit exact ou non, ça fait glamour ! Et le glamour, PUTAIN, c'est super important !!! oO)

dimanche 10 février 2008

Chilerk is alive

J'en parlais depuis longtemps, alors voilà je vais le faire : je vais vous présenter mes premières productions littéraires. Attention ça va décoiffer.

Je commence avec l'une des versions de l'histoire d'Eroman, que j'ai retrouvée récemment au fond d'un sac de colo puant le pique-nique défraîchi (cette odeur fait partie de mes grands souvenirs du Temps Béni des Colonies... Sans vouloir taper dans la référence douteuse XD) Eroman fut le grand héros de mon enfance, un héros tout ce qu'il y a de plus chiant, typique, innintéréssant ; le type dont je réinventais l'histoire tous les soirs dans mon lit quand je n'arrivais pas à dormir. Il a vécu des milliers d'aventures incroyables ce gars-là, mais il faut bien avouer que c'était toujours pareil : une jolie fille à sauver, des extraterrestres pas malins, et une grosse explosion à la fin dont le héros se sortait en jetpack, tenant la bonnasse serrée dans ses bras. Une grande époque.
Plusieurs fois, j'ai essayé d'écrire son histoire, en commençant par son enfance et comment il a obtenu ses super-pouvoirs, j'ai d'ailleurs le souvenir de l'une d'entre elles... C'était nul à chier...
En revanche, la version qui suit avait été totalement occultée de ma mémoire. Je ne suis sûr de rien, mais je devais avoir autour de neuf ans. (soyez heureux, je vous épargne le déchiffrage de l'écriture tremblotante et irrégulière au feutre orange ; en revanche, je vous laisse les fautes à la lettre près ;))
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Eroman I
Chilerk
La Pierre

En revenant du sport, Jack, 19 ans, découvrit une pierre brillante encastrée dans un mur. Il débloqua et la fourra dans son sac sans se douter des aventures qu’il allait vivre aprés cela. Il parti ensuite ensuite en direction de chez lui. En entrant chez lui, il passa un coup d’oeuil dans la cuisine et fonça dans sa chambre. Il sortit de son sac la chose qu’il avait trouvée et remarqua une fente sur son flanc. Il y glissa ses doigts pour l’entrouvrir et c’est ce qui se passa. Un air nauséabond en sortit et le fit chanceler. Il se sentit ensuite bizarre. Soudain, la fenêtre vola en éclats et un mélange de monstre vert et de croutes rouges entra dans la chambre par la même issue :
Je suis CHILERK !!! tonna-t-il.

A SUIVRE…


Eroman II
Chilerk

Sur le moment, j’eus envie de lui dire :
« excusez-moi, vous pourriez repeter ? » mais lorsque-il fit eclater mon armoire, je repris mes esprits et fonçais entre ses jambes poilues. J’aterris devant la fenêtre et essaya de sauter jusqu’au muret, à 3m de là, et pour m’aider, je vola. Voler ? Mais je volais ! Bon, il fallait me rendre à l’évidence : cet air, sortit de la pierre m’a donné des supers-pouvoirs. Ce CHILERK veut me détruire. Pourquoi ?
Apparement, il pouvait lui aussi voler, et rattrapait : il avait plus d’expérience dans le vol que moi.


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Bon, on est d'accord ? Enorme, non ? :D

Avec ces deux feuilles il y avait une troisième, avec trois rectangles tracés en haut. Dans le premier, le titre "EROMAN I : Chilerk" était écrit en gros. Je suppose qu j'avais dans l'idée d'en faire une BD... Heureusement que j'aie pas eu le temps de m'attaquer aux dessins >__>
En découvrant ça par hasard au fond d'un sac, j'ai réalisé que j'avais été ma propre inspiration pour Galumo, la grande oeuvre de la fin de mes années de collège. Cette nouvelle part en fait de la même situation de départ que le texte ci-dessus. Cette idée a du me trotter dansla tête pendant des années, pour que je la reformule quatre ou cinq ans plus tard sans même me souenir de l'avoir déjà fait...


Allez, je vous laisse pas refroidir, avec LE PRINCE ERIC, mon tout premier texte : durant un repas de famille chez mes grand-parents (notons que mon oncle, peut-être présent ce jour-là, se prénomme Eric), je m'ennuyais, j'ai pris une feuille et j'ai écrit le brouillon de cette histoire. Le soir-même, aidé par mon père, nous mettions ça en forme sur notre modernissime ordinateur équipé de Windows 3.1 (quoique... on était peut-être déjà passés à Win95...), et on l'imprimait. J'ai passé une nuit sensationnelle à me construire des projets d'avenir flamboyants n tant qu'écrivain. Le lendemain matin, je distribuais mon papier dans la cour, et j'ai reçu les éloges de mes camarades et du Maître. \o/ Musique !!

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LE PRINCE ERIC


Il était une fois un prince nommé ERIC. Un jour, son père, le roi entendit parler d'un dragon installé en France. Alors il dit à son fils ERIC : « Mon fils, il faut que tu arrêtes ce dragon » . « Oui, papa » . Eric obéit aussitôt à son père. Il prit son armure et partit à cheval. Peu après, ERIC rencontra le dragon. « Alors, Dragon, quand voudras-tu quitter la France?! », cria le prince au dragon. «JAMAIS ! » répondit le dragon. « Alors je décide un combat ». Pour commencer, le dragon lançat quelques flammes vers ERIC, il le rata et le prince lançat son épée et toucha la dragon.
Ainsi la vie reprit normalement.


4 juin 1995


Emilien Martin


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Si j'ai bien perdu quelque chose entre temps, c'est le sens de la concision... >__> Je serais incapable de réécrire un truc pareil aujourd'hui, au niveau de la densité narrative !
Comme pour Eroman, je n'ai pas changé un caractère du texte. Je pense qu'il apparaît clairement que mes parents m'ont aidé au niveau de l'orthographe, et peut-etre même de la syntaxe. Je crois que je leur en veux pour ça. (en plus, ces nuls ils en ont laissé passer... >__>)
La dernière ligne du texte demeura mon excipit favori et exclusif pendant des années. Je le plaçais à la fin de tous mes textes et rédactions, même s'il a progressivement évolué en "Ainsi la vie reprit son cours normal". Jusqu'au jour où l'institutrice m'a dit que ça faisait un peu trop passe-partout... Pendant un temps, j'ai considéré qu'elle manquait singulièrement d'audace littéraire. (c'est d'ailleurs aujourd'hui encore l'excuse que je me trouve généralement quand je veux rejeter une critique qui m'est faite)


Alors, vous en êtes encore tout chauds dedans ? :)

Edit : je précise que je n'ai jamais lu Le Prince Eric de Serge Dalens, et que je n'ai d'ailleurs découvert l'existence de ce bouquin que plusieurs années après avoir écrit ma propre mouture.
Edit2 : normalement dans LE PRINCE ERIC il y a des gros chevrons de barbare en lieu et place de guillemets, mais Blogger les considérait comme des balises HTML donc n'affichait pas leur contenu... :/ Donc je vous ai mis des vrais guillemets de pgm. /o/

samedi 26 janvier 2008

Orphelin douxième

J'ai décidé de ne plus me faire chier avec les titres de mes orphelins. Sauf si une idée particulièrement heureuse me vient à l'esprit, ils porteront désormais un simple numéro. Déjà dépourvus de parents, les pauvres petits n'auront même plus de nom... Qu'il est dur d'être un texte, de nos jours.
Celui que je vous présente aujourd'hui est donc l'Orphelin Douzième (j'ai arbitrairement commencé la numérotation à 11, dans l'incapacité de dénombrer ceux existants), et un de mes préférés. Le premier paragraphe (jusqu'à "nous ne nous serions connus, sans doute") a été écrit voilà un mois environ, mais les principales idées pour la suite étaient déjà dans ma tête. Je songe à la suite, mais évidemment ne vous attendez pas à grand chose, vous avez 90% de chances d'être déçus...

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Henry était parti devant pour voir de quoi il s'agissait. Alice, Percy et moi-même étions restés en retrait, près des chevaux, quand il ne nous aurait rien coûté de plus d'aller jeter un œil ensemble sur nos montures. Henry était clairement le plus courageux d'entre nous. Le plus téméraire, le plus fou, le plus chevaleresque. Sans lui, jamais nous ne nous serions lancés dans ce voyage. Maintenant que j'y pense, sans lui jamais nous ne nous serions connus, sans doute. Jamais nous n'aurions connu l'Enfer.

« Alors ! De quoi s'agit-il, Henry ? »

C'était Percy qui avait crié cela. Sa voix mélodieuse, poussée à crier, et teintée de l'inexplicable angoisse qui nous étreignait comme en préambule des événements ultérieurs, était devenue un croâssement sec et rugueux, glissant sur cette étendue désertique. Aucun son ne résonnait, tout était lamentablement desséché, aride, mort dans cette vaste steppe où régnait la poussière et les violentes bourrasques agitant les touffes d'herbe à l'aspect fossilisé. Qu'étions-nous venus chercher dans cette haine atroce ?

Agenouillé près de la forme sombre allongée dans l'herbe sèche, Henry avait relevé la tête vers nous. Il était trop loin pour que nous puissions distinguer l'expression de son visage

« Vous devriez venir voir, cria-t-il simplement en réponse. »

Pour une raison qui m'échappe encore, nous mîmes pied à terre et marchâmes pour rejoindre notre compagnon, guidant les chevaux à la longe. Quand nous fûmes à vingt pas, Alice poussa un petit cri, articula quelque chose comme « Mais qu'est-ce que... » Elle fit quelques pas en courant vers la forme curieuse et Henry, qui n'avai pas bougé, puis revint se blottir dans les bras de Percy, haletante, au bord des larmes.

Percy n'avait encore rien vu, ma jument — Armaeï — lui bouchant la vue.

« Alice, qu'y a-t-il... ? Qu'as-tu vu ? »

Alice ne répondit pas. Percy se détacha d'elle un instant, et retourna son regard vers Henry et sa trouvaille. Je les avais déjà rejoints, et me tenais debout à côté de Henry. Raide, insensible, froid, mon regard figé sur le corps d'un homme étendu sur le sol. L'état de désséchement de son visage semblait indiquer qu'il était là depuis plusieurs mois. Ses vêtements de type occidental trahissaient son origine. Il ne portait nulle blessure apparente. Ses yeux était clos, ses traits sans expression. Ses cheveux bruns étaient tirés en arrière et retenus par une ficelle. Il était probablement beau.

« Il est mort. » déclara Percy.

Henry regarda son frère comme s'il le voyait pour la première fois :

« Merci Percy, sans toi je crois que nous ne serions jamais arrivés à une conclusion si éclatante de vérité.

- Partons d'ici. »

La voix d'Alice avait semblé un hurlement dans le relatif silence de la scène. Percy se retourna vers elle. Henry lui faisait déjà face et je n'avais qu'à tourner la tête.

« Partons d'ici avant qu'il ne nous arrive malheur. Il ne fait jamais bon à rester auprès d'un mort.

- Mais ma douce, nous ne pouvons pas laisser ce malheureux ici, sans sépulture, sans nom, sans mémoire...

- Je veux partir d'ici ! »

Cette fois, elle avait vraiment hurlé. Elle semblait furieuse. Ses poings étaient serrés, son front plissé et ses joues se rosaient malgré le vent piquant.

« Je m'oppose, dis-je, à ce que nous laissions un homme gisant au milieu de ce désert sans nom, à la proie de tous les charognards et de la décomposition.

- Aucun charognard n'est venu souiller sa dépouille, fit remarquer doucement Henry.

Je poursuivis, imperturbable :

- Il fut un homme civilisé et respectable comme chacun de nous ! Regardez son pantalon, son veston, sa chemise ! Il a même une montre ! Cherchons dans ses papiers son identité et creusons lui une tombe. »

Nous votâmes. Henry ne se prononça pas, Alice tint à poursuivre notre route le plus vite possible, et Percy et moi-même défendîmes le droit à la sépulture de notre inconnu. Percy sembla hésiter à s'opposer à la douce Alice dans l'état d'énervement inhabituel où elle était. En outre, il devait craindre qu'elle ne se décide à repartir seule sur un coup de tête, nous laissant avec notre mort sur les bras.

L'homme s'était appelé Henri Désir, il était français. Henry ne sembla pas réagir à la ressemblance de leurs prénoms. A un moment donné, Percy chercha mon regard tout en lorgnant d'un oeil sur la montre gousset qui dépassait de la poche du joli veston. Comprenant son dessein je m'emportai contre lui, m'indignant de cet éclair de méchante cupidité qui ne savait pas même s'arrêter aux poches d'un mort.

« N'as-tu donc de respect pour rien, Percy Weyland ? Viendras-tu fouiller ma dépouille, celle de ton frère et de ta femme pour y glâner ta fortune ? Loin d'ici, misérable. Henry, as-tu fini de creuser ? »

J'aidai mon ami à achever l'ouvrage, puis descendis avec lui dans la fosse pour installer Monsieur Désir dans sa dernière demeure. Ceci fait, nous le recouvrîmes de terre et tracèrent une croix dans le sable, au-dessus de son nom. Je murmurai quelques prières dont les mots s'effilochèrent dans le vent qui se levait. Alice était restée en retrait, mais s'avança tout de même à ce moment pour faire un signe de croix et rendre un hommage silencieux à cet homme qu'elle n'avait pas connu. Peut-être à cause de ce geste, seul sincère parmi ceux que nous autres hommes reproduisîmes, mourut-elle la première.

La nuit venait. Nous installâmes notre campement à quelque deux cents mètres de la tombe, conformément au voeu silencieux d'Alice. Nous dressâmes des paravents pour protéger notre feu du vent qui faisait claquer et gonfler les toiles. Nous mangeâmes rapidement une de ces affreuses mixtures en bocaux que Percy conservait dans ses bagages, et nous allongèrent en rayon autour du feu. Tandis que Percy chantait doucement une berceuse pour Alice, je contemplais, au creux de mon duvet, le reflet des mots « Henri Désir » gravés dans le laiton d'une montre à gousset.

vendredi 18 janvier 2008

The Time Bishop (Part 3)

Pour 17 seul sait quelle raison, j'ai zappé la partie 2 qui était sensée être du point de vue de Aaron Ketton, le boss (qui se rend compte qu'il s'est fait baizer comme un bleu). J'ai juste eu envie d'écrire directement cette partie... Dommage pour ceux qui aiment la linéarité :-/ Pour une raison encore plus obscure, j'ai voulu écrire ceci à la première personne ! Dans un souci de cohérence, je réécrirai... peut-être... la première partie à la première personne. J'ai essayé une fois, c'était pas joyeux.
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La porte de mon cachot s'ouvrit en grinçant, et me réveilla du coup.
« Bonjour. Lève-toi. Marche devant. Prends à droite ici. Entre. Assieds-toi. »
Elle se tenait à ma gauche, debout contre la cuisinière, les bras croisés sur la poitrine. Elle me regardait.
Les yeux mi-clos, je peinais à émerger de mon sommeil.
« Tu veux manger ? »
Quelques minuites plus tard — mais ce fut peut-être plus long que dans mon souvenir — deux hommes entrèrent dans la pièce.
« Bonjour, Hank — restez assis, ça va. Je suis Alec Seerf, et voici le docteur Herveert. (ils firent le tour de la table, celui qui parlait s'assit en face de moi, et l'autre à droite) Terminez votre soupe, cela ne nous dérange pas. Vous devez mourir de faim. »
J'acquiesçai d'un sourire hésitant qui devait ressembler à un rictus de douleur.
« Sans doute vous posez-vous beaucoup de questions sur ce qui vous arrive, ce que vous faites ici, qui nous sommes ou ce que nous vous voulons... (j'acquiesçai à nouveau en avalant une cuillérée de soupe) Mais avant que nous ne donnions à ces questions les réponses qu'elles méritent, il faut que vous nous rapportiez précisément tout ce qui vous est arrivé ces deux derniers jours, à votre façon. »
Je reposai ma cuiller dans mon assiette vide. La femme restée debout tendit la main vers celle-ci en m'interrogeant du regard : « Non, plus tard. Merci. » Elle me débarassa, avant de prendre place à son tour autour de la table. Les coudes plantés sur la nappe verte trouée, les mains aux doigts repliés serrées contre ses joues, son visage baigné de la lumière poussièreuse dispensée par l'ampoule nue pendue au plafond, elle fixait sur moi ses grands yeux ternes, avides de mon récit.
Je passai une main froide sur ma bouche, me frottai les yeux, m'étalai sur le dossier de ma chaise avant de revenir sous la lumière, entre ces trois visages aux expressions si différentes : l'intérêt silencieux du docteur Herveert, qui retenait à grand peine ses questions, Alec Seerf calme et attentif, et elle... doucement timbrée.
Je commençai.

samedi 12 janvier 2008

The Time Bishop - Prologue (Part 0)

"Hank Nolan est mort

Hier matin, une équipe de bénévoles déterminés à nettoyer le fond de James River en amont de Scotland, ont dragué par hasard le corps d'un homme d'une quarantaine d'années. Les médecins légistes ayant procédé à un examen dentaire ont établi avec certitude qu'il s'agissait de Henry Earl Nolan, ingénieur informaticien du Wisconsin, déclaré disparu depuis 84 jours.
Cependant l'état de décomposition avancée du corps semble indiquer qu'il gisait au fond de l'eau depuis au moins deux ans."

Scotland Morning, le 4 avril 20...

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La partie 3 devrait arriver rapidement. En fait elle est prête depuis avant la MNY (notepourlespoulets : le nouvel an à Paris avec la Marmotte), contrairement à celle-ci qui fut écrite ce matin... Pendant un partiel de 4h où mon principal problème fut le manque de temps :ROLL: Tout ça pour bien vous faire comprendre à quel point
1. je suis organisé
2. je transmets toute mon organisation à ce projet, dont l'idée fondatrice est, je crois, de partir en couille de boeuf (oui de boeuf)

Stay tuned.